RESUME DES PRINCIPALES OEUVRES DU XVIIIème SIECLE - N°1

Publié le par Eric Balay

DISCOURS PRELIMINAIRE DE L'ENCYCLOPEDIE

écrit par Jean Alembert


BIOGRAPHIE :


L'auteur (Paris 1717 – id 1783), mort à 66 ans, enfant naturel de «Mme de Tencin » il avait été exposé à sa naissance sur les marches de la chapelle Saint-Jean-le-Rond. Il fut élevé par la femme d'un pauvre vitrier. Son génie précoce de mathématicien lui valut d'être élu à vingt-trois ans à l'Académie des sciences en 1741. Il publia, en 1743, un Traité de dynamisme, dans lequel il énonçait un principe essentiel pour l'étude du mouvement, et , en 1749, des recherches sur précession des équinoxes. Mais l'influence de D'alembert et sa réputation sont dues surtout à son activité philosophique. Déterministe et athée, il fut, avec Diderot, l'animateur de l'Encyclopédie à ses débuts. Il en écrivit le Discours préliminaire, où il proposa une nouvelle classification des sciences. Auteur de l'article Genève, il fut vivement pris à partie en 1758 par J.J. Rousseau (Lettre à Alembert sur les spectacles). La même année, découragé par les difficultés que suscitait la publication de l'ouvrage, d'Alembert cessa sa collaboration. Mais il gardait tout son appui aux "philosophes". Membre de l'Académie française depuis 1754, il en devint secrétaire perpétuel en 1772. C'est à ce titre qu'il écrivit les Eloges des académiciens morts entre 1700 et 1770. Quand Mme du Deffand eut rompu avec sa demoiselle de compagnie, Mlle de Lespinasse, il devint l'animateur du salon de celui-ci.



RÉSUMÉ DE L'ŒUVRE :


L'homme, percevant son corps, éprouve le plaisir et le déplaisir. Pour y faire face, il apprend les avantages de la communauté, qui implique le langage, mais en même temps les troubles de l'inégalité. S'occupant de son corps, l'homme fonde les principes de l'agriculture et de la médecine. Mais, curieux -d'autre part, il s'intéresse à la nature pour elle-même et fonde les sciences de l'étendue : physique, astronomie, jusqu'aux bases des mathématiques ; cette formalisation influe sur d'autres domaines, comme celui de la communication des idées, d'où la logique et la grammaire. De son amour-propre est issu le goût de son passé; de là viennent la chronologie, la géographie et la politique. Voilà pour les sciences. Les arts, eux, naissent de l'imitation de la nature. Par souci de méthode et de clarté, d'Alembert inclut un schéma généalogique des connaissances humaines, inspiré de celui de Francis Bacon : c'est "l'arbre de l'Encyclopédie : la mémoire donne l'histoire, la raison engendre la philo et l'imagination fonde les arts. f^j



COMMENTAIRE DE L'OEUVRE :


D'Alembert se propose d'envisager les principes qui ont présidé à l'élaboration de l'Encyclopédie, son sens et sa portée. L'entreprise des encyclopédistes ne repose pas seulement en effet de l'érudition, comme le fameux Dictionnaire de Trévoux qui lui est contemporain. Comme l'explique d'Alembert, le but de l'Encyclopédie est d'assurer le triomphe de la raison et de la modernité, à un moment où, après des siècles d'obscurantisme, on assiste à une renaissance de l'intelligence. Cette oeuvre écrite en 1751 est donc très important pour comprendre le projet dans son ensemble, dans la mesure où il fixe les bases théoriques de l'Encyclopédie, au moins aussi importantes que le contenu spécifique de l'ouvrage.







LE MARIAGE DE FIGARO

écrit par Pierre Augustin Caron de Beaumarchais



BIOGRAPHIE :

Ecrivain français (Paris 1732 – Id 1799), mort à 67 ans, fils d'horloger, inventeur lui-même de la montre à échappement, puis professeur de harpe des filles de Louis XV, il acheta une charge qui l'anoblit. Après plusieurs aventures ou spéculations, il fut condamné en 1773 et rendit responsable de cet arrêt le conseiller Goëzman; il attaqua celui-ci dans ses Mémoires , qui furent condamnés au feu (1773-1774). Sans se montrer découragé, il se lança dans de nouvelles entreprises et écrivit pour le théâtre de la Foire. L'une de ses comédies, le Barbier de Séville en 1775 connut le succès, et il lui donna deux suites : le Mariage de Figaro en 1784, dirigé contre les privilégiés de la naissance (pourtant, les nobles applaudirent cette pièce hardie qui annonçait l'approche de la Révolution), et un médiocre drame larmoyant, la Mère coupable en 1792. Suspect pendant la Terreur, Beaumarchais émigra et ne rentra en France qu'en 1796.



AVANT-PROPOS:

Quand l'auteur livre sa pièce en 1781, elle est immédiatement interdite. "Cela est détestable et ne sera jamais joué", dit Louis XVI au moment des procès qui occuperont la censure pendant trois ans. La pièce aura finalement un succès insolent gonflé de scandales : 67 représentations en 1784, et 111 dans les cinq années qui suivirent.


RÉSUMÉ DE L'ŒUVRE ;


L'auteur lui-même a donné le plus pertinent résumé de sa pièce dans un mémoire intitulé : Programme de mariage de Figaro


"Figaro, devenu concierge du château d'Aguas Frescas, propriété du comte Almaviva, a emprunté 10 000 francs à Marceline, femme de charge du même château, et lui a fait son billet de les rendre dans un terme ou de l'épouser à défaut de paiement. Cependant, très amoureux de Suzanne, jeune camériste de la comtesse, il va se marier avec elle; car le comte, épris lui-même de la jeune Suzanne, a favorisé ce mariage dans l'espoir d'une dot (....) va lui faire obtenir d'elle en secret la séance du "droit du seigneur". Mais la jeune et honnête Suzanne croit devoir avertir sa maîtresse et son fiancé des galantes intentions du comte; d'où naît une union entre la comtesse, Suzanne et Figaro pour faire avorter les desseins de Monseigneur. Le comte, enfin, s'apercevant qu'il est joué, sans deviner comment on s'y prend, se résout à se venger en favorisant les prétentions de Marceline. Ainsi, désespéré de ne pouvoir faire sa maîtresse de la jeune, il va faire épouser la vieille à Figaro, que tout cela désole."


Mais à l'instant qu'il croit être vengé, on apprend que Marceline est la mère inconnue de Figaro, ce qui détruit les projets du comte. Pendant ce temps, la comtesse a convenu avec Suzanne que celle-ci feindra d'accorder un rendez-vous au comte dans le jardin et que l'épouse s'y trouverait en place de la maîtresse . Mais un incident imprévu vient d'instruire Figaro du rendez-vous donné par sa fiancée. Il va se cacher au lieu indiqué pour surprendre le comte et Suzanne. Au milieu de ses fureurs, il est agréablement surpris en apprenant que tout cela n'est qu'un jeu entre la comtesse et la camériste pour abuser le comte. Almaviva, convaincu d'infidélité par sa femme, se jette à genoux, lui demande un pardon qu'elle accorde en riant, et Figaro épouse Suzanne.






LE BARBIER DE SEVILLE

écrit par Pierre Augustin Caron de Beaumarchais


AVANT-PROPOS :


Le Barbier de Séville ou La Précaution inutile fut, à l'origine, un opéra-comique refusé par le théâtre des Italiens, puis une comédie en cinq actes sifflée à la première. En février 1775, Beaumarchais, en trois jours, remania la pièce en quatre actes. Le succès fut immédiat.



RÉSUMÉ DE L'ŒUVRE :


A Séville, Almaviva, grand d'Espagne, est épris d'une jeune orpheline, Rosine, qu'il cherche à rencontrer. Il lui chante des aubades, essaie de lui transmettre des billets doux. Mais un vieux médecin, Bartholo, son tuteur, la séquestre chez lui et la surveille avec vigilance.


Le comte retrouve alors son ancien valet, Figaro, devenu barbier. Celui-ci lui révèle que le vieil homme se prépare à épouser Rosine. Tandis que le tuteur, jaloux, va vérifier auprès de Bazile, maître à chanter, les derniers préparatifs du mariage, le comte, sous l'identité d'un étudiant nommé Lindor, avoue son amour à Rosine.


Figaro, après avoir administré diverses drogues aux domestiques, va, quant à lui, révéler l'identité de Lindor à Rosine. C'est aussi sous le déguisement d'un bachelier venu remplacer Bazile, Alonzo, que le comte va se rendre chez Rosine. Pour mieux gagner la confiance du tuteur, il lui présente un billet écrit par Rosine pour le comte. Bartholo comprend trop tard qu'il a été abusé par Figaro et Alonzo, qu'il chasse; dans la nuit, le comte et Figaro viennent enlever Rosine, Bazille, quant à lui, amène le notaire, qui vient signer le contrat de mariage entre Almaviva et Rosine.



COMMENTAIRE DE L'OEUVRE :


Cette œuvre garde une verve, une gaieté, un rythme plein d'entrain, alors que l'intrigue est simple. Beaumarchais, pour soutenir le comique, sollicite la connivence du spectateur, évite un détournement précoce et use de toute une série de rebondissements, de coups de théâtre; le hasard guide alors la trame de l'action.


La réalité des personnages tient dans leur désir d'échapper au rôle de convention qui leur est assigné. Ainsi Bartholo n'est pas seulement le barbon soupçonneux et manœuvré, mais aussi un homme de sagacité et d'intelligence quand il est question d'intrigue ou d'argent. Rosine n'est pas seulement la douce ingénue, mais elle révèle aussi une énergie et une révolte intérieure face à Bartholo. Et même Figaro outrepasse ses droits de valet de comédie, se faisant l'interprète de l'auteur.




PAUL ET VIRGINIE

écrit par Henri Bernardin de Saint-Pierre en 1787


BIOGRAPHIE :


L'auteur (Le Havre 1737 - Eragny-sur-Oise 1814), mort à 77 ans, voyagea en Europe et séjourna deux ans à l'Ile Maurice. De retour à Paris, il devint le disciple fidèle de Jean-Jacques Rousseau. C'est sur ses conseils qu'il publia son Voyage à l'île de France en 1773, des preuves par trop naïves de la finalité, le roman de Paul et Virginie publié en 1787, qui le fit riche et célèbre, et que suivit un conte, la Chaumière indienne publié en 1790. Nommé intendant du Jardin des Plantes en 1792, professeur de morale à l'Ecole Normale supérieure, membre de l'Institut en 1795, il compléta son oeuvre par les Harmonies de la nature publié en 1796.


RÉSUMÉ DE L'ŒUVRE :


Comme Roméo et Juliette ou Tristan et Iseult, Paul et Virginie sont les personnages symboliques d'un amour parfait. Elevés par leurs mères que la société a rejetées, ils grandissent dans l'île de France (aujourd'hui île Maurice) et jouissent d'une éducation très rousseauiste, en parfaite harmonie avec la nature. Leurs vertus sont spontanées, innées, et leur innocence les préserve du mal tant en actes qu'en pensées. Mais Virginie est la seule héritière d'une vieille tante qui vit en France et, afin d'assurer à sa mère et à celle de Paul une vie plus paisible, elle part chercher son dû. Les contacts avec la société s'avèrent difficiles pour la jeune fille, qui n'a pas plus d'éducation qu'une soubrette, et Paul se lamente de cette interminable séparation. Leur amour est si fort, la vie en Europe tellement impossible que Virginie rentre quelques années plus tard.


COMMENTAIRE DE L'ŒUVRE :


Après Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre s'engage dans la voie des théories sociales et humanitaires. Comme son maître à penser, il est l'un des précurseurs du Romantisme et, sinon le créateur, du moins l'initiateur d'une littérature exotique qui comptera parmi les représentants des auteurs tels que Chateaubriand, Flaubert, Loti ou Heredia. Les amants de Bernardin, à la différence des autres, sont naturellemnt bons, et s'ils sont élevés au milieu des "nègres", c'est pour représenter l'humanité dans sa primitive ignorance, innocente et vertueuse par rapport à une société corrompue. Avec ce roman, l'auteur s'est fait plus rousseauiste que Rousseau lui-même.






HlSTOIRE NATURELLE

écrit par Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon



BIOGRAPHIE :


L'auteur (Montbard 1707 - Paris 1788) mort à 71 ans, est le fils d'un conseiller au Parlement de Bourgogne, il voyagea en France et à l'étranger, entra en 1733 à l'Académie des sciences et, ayant été nommé, en 1739, intendant du futur Muséum, alors appelé le Jardin du roi, il commença son Histoire naturelle en 36 volumes, dont les trois premiers parurent en 1749 et le dernier en 1789. Dans son discours de réception à l'Académie française en 1753, il développa ses idées sur le style, montrant que celui-ci manifeste la nature propre de l'intelligence.


AVANT-PROPOS :


Buffon eut la chance de voir son génie consacré de son vivant. En 1777, dix ans avant sa mort, on éleva une statue à son effigie dans le jardin du Roi. A ses obsèques, vingt mille personnes se déplacèrent. Aujourd'hui, une statue moderne de Buffon s'élève, depuis 1908, dans le Jardin des Plantes.



RÉSUMÉ DE L'ŒUVRE :


Comprendre la nature n'est pas simple; pour commencer, il faut en finir avec l'esprit de système. Si l'on veut faire une étude détaillée, il est nécessaire de passer de l'être le plus achevé, soit l'homme, "jusqu'au minéral le plus brut". Mais on ne doit pas en déduire qu'il est possible de classer dans des genres étanches les différentes espèces ; en vérité, la nature est un tout, et le passage d'un genre à un autre est le plus souvent imperceptible. Ce qui est important de comprendre, c'est donc une permanence liée à la reproduction des espèces et des êtres. Fort de ce principe, on peut se lancer dans la description et les sciences expérimentales sans risquer de déconcerter par la diversité des sujets abordés. Le lecteur voit bien ce qui rapproche des "Expériences sur la manière de tanner les cuirs" et un texte sur la puberté : ce qui préside à l'ensemble, c'est la communauté du passage d'état à état.



COMMENTAIRE DE L'ŒUVRE :


Cet immense ouvrage (36 volumes, 44 dans la réédition dirigée par Lacépède en 1804), auxquels il faut encore ajouter 7 volumes de Suppléments ), qui a connu aussitôt un immense succès en Europe, n'a rien de commun avec le projet encyclopédiste, à ceci près que cette œuvre engage, elle aussi, des présupposés philosophiques. Œuvre de toute une vie, les premiers articles datant de 1748 et les derniers des années 1780, elle doit sa cohérence à une théorie matérialiste et antifinaliste. L'intérêt porté à la nature depuis le XVII ème siècle était en effet le plus souvent commandé par une volonté de démontrer l'existence d'un Dieu organisateur, hiérarchisant les espèces dans un esprit de système. Au contraire, s'appuyant sur des témoignages et des expériences multiples, l'auteur montre qu'il n'en est rien : la nature est un tout, ses principes s'imposent à tous les genres, dont le processus de génération est semblable, du plus simple au plus complexe.


Publié dans litterature.rebelle

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