Gide André

Publié le par Eric Balay

LES FAUX-MONNAYEURS

écrit en 1838 par André Gide et publié en 1863


BIOGRAPHIE :


ANDRE GIDE (Paris 1869 - id. 1951), mort à 82 ans, d'origine protestante par son père, le juriste Paul Gide, catholique par sa mère, il entre dans le groupe des symbolistes en 1891, année où il publie "Les Cahiers d'André Walter" et "Le Traité du Narcisse", "Les Nourritures terrestres" publiées en 1897, où il exalte la "disponibilité" de l'être en la conciliant avec la ferveur, passent à peu près inaperçues. Sa pensée se précise dans "L'immoraliste" publié en 1902. Il aborde le théâtre avec "Le Roi Candaule' publié en 1901 et "Saül" publié en1903, puis il publie en 1909 le récit de "La Porte étroite", ainsi que la parabole du "Retour de l'enfant prodigue". Dans "Les Caves du Vatican" publié en 1914, récit burlesque, il pose le problème de l'"acte gratuit". Après la Première Guerre mondiale, alors qu'il approche de la cinquantaine, il commence à obtenir une audience qui va s'élargir rapidement. En 1919, il publie "La Symphonie pastorale", et, en 1925, le roman que certains critiques considèrent comme sa meilleure œuvre, "les faux-monnayeurs". Les témoignages que son "Voyage au Congo" publié en 1927 contiennent sur le colonialisme, le jugement qu'il porte sur le communisme dans "Retour de l'U.R.S.S.". publié en1936 révèlent son désir sincère de prendre parti sur les grands problèmes de son temps, mais aussi sa méfiance à l'égard de tout engagement. Enfin, son "Journal". paru en trois fois fois (1939,1946,1950)et sa "Correspondance" (1948-64) nous renseignent sur tous les secrets d'une vie qui ne voulut rien dissimuler. L'influence de Gide est considérable. Son refus de tout conformisme, s'exprimant cependant en un style classique, a orienté la pensée de nombreux écrivains. Il obtint le Prix Nobel de Littérature en 1947.




PROLOGUE :


"J'ai écrit le premier dialogue entre Olivier et Bernard et les scènes entre Passavant et Vincent, sans du tout savoir ce que je ferais de ces personnages, ni qui ils étaient."

(André Gide, Le Journal des Faux-Monnayeurs)


"Le style de cette œuvre ne doit présenter aucun intérêt de surface, aucune saillie. Tout doit être dit de la manière la plus plate, celle qui fera dire à certains jongleurs : que trouvez-vous à admirer là-dedans ?"

(André Gide, Le Journal des Faux-Monnayeurs)




RÉSUMÉ DE L'ŒUVRE :


Bernard Profitendieu apprend qu'il n'est pas le fils de son père. Il en profite pour fuir l'austère maison familiale. Il dérobe la valise d'un écrivain et lit son journal, le journal d'Edouard, oncle d'Olivier Molinier, son meilleur ami. L'écrivain pardonne à l'adolescent et lui propose de devenir son secrétaire. Il écrit à cette époque-là un roman, Les Faux-Monnayeurs. dans lequel il décrit ses angoisses, ses difficultés à raconter les choses. Bernard lui fait remarquer qu'il vaut mieux regarder ce qui se passe autour de lui. Le romanesque est dans la vie. Ainsi, la famille Molinier : Vincent, l'ainé, médecin, abandonne Laura Vedel-Azaïs pour lady Lilian Griffith, qu'il tuera en Afrique, avant de sombrer dans la folie : Olivier, le deuxième, qui cherche l'aventure et qui fréquente l'écrivain décadent Robert de Passavant; Georges, enfin, élève à l'École Vedel-Azaïs, membre de la "confrérie des hommes forts", qui rassemble les caïds de l'établissement et qui provoque une tragédie en commandant au petit Boris de se suicider. Cette bande est aussi impliquée dans un trafic de fausses pièces.



COMMENTAIRE DE L'ŒUVRE :


La modernité et la singularité de ce roman tiennent en partie à la complexité de sa construction. On glisse progressivement d'intrigue en intrigue en suivant Bernard, puis Olivier, puis Vincent. La succession des personnages permet une multiplication des points de vue et donne une impression de foisonnement extraordinaire, chaque personnage ajoutant une part d'information au récit. En outre, Gide ne raconte que par le truchement d'autrui : ainsi son roman apparait-il comme celui que l'un des personnages, l'oncle Edouard, est en train d'écrire... Ce procédé, baptisé pa Gide "mise en abyme", a connu une fortune peut-être excessive dans la théorie littéraire contemporaine. Enfin, pour parfaire le caractère réflexif de son travail, Gide a tenu un Journal des Faux-Monnayeurs, dans lequel il retranscrit la genèse de l'œuvre.









LES NOURRITURES TERRESTRES

écrit par André Gide et publié en 1897


PROLOGUE :


Le tirage de cet ouvrage, énorme aujourd'hui, fut presque nul pendant les vingt premières années consécutives à sa publication au Mercure de France, en 1897. Le livre ne fut pas même apprécié par ceux qui avaient loué les précédents ouvrages de Gide. Les détracteurs de Gide ont voulu y voir l'apologie d'un anti-moralisme et d'un individualisme débridés, confinant à un égoïsme qui reposerait sur un abandon incontrôlé des instincts.



RÉSUMÉ DE L'ŒUVRE :


Divisé en huit livres, l'ouvrage se présente comme un recueil de chants, ou poèmes, de descriptions, de réflexions et de conseils, rédigés dans une langue souvent précieuse. En dépit de ces éléments disparates, le livre trouve sa cohérence dans la voix d'un narrateur qui, à travers eux, prodigue son enseignement au jeune Nathanaël en lui écrivant au gré de ses voyages. Ce maître imaginaire se dénomme Ménalque et son nom virgilien, de même que ceux d'Amyntas, Mélibée et Mopsus - personnages qui apparaissent brièvement - indique la dette de Gide à l'égard des "Bucoliques" de Virgile. Il ne fait pas de doute que le narrateur se confond avec l'auteur - Gide ne s'en est jamais caché -, qui nous livre les fruits de l'expérience occasionnée par un long voyage en Afrique du Nord. Cette œuvre témoigne de la renaissance à la vie d'un être qui a appris à s'émanciper des contraintes morales et religieuses qui l'ont jusqu'alors étouffé.



COMMENTAIRE DE L'ŒUVRE :


Certes, on peut faire signifier à une phrase telle que "Familles, je vous hais", extraite de son contexte et tronquée, une incitation agressive à la rupture. Mais, en replaçant l'anathème dans son contexte et en le complétant ("je vous hais, toujours des portes fermées, possessions jalouses du bonheur"), il ne reste qu'une mise à l'index du repli autarctique et des valeurs étriquées. Cette œuvre est un hymne sensualiste à la vie. Le narrateur enseigne à Nathanaël à ouvrir ses horizons, à rompre ses attaches si cela est nécessaire pour aller de l'avant, à s'éduquer lui-même. Mais cette affirmation de l'individu n'est pas un égoïsme; au contraire, elle ne va pas sans générosité» puisqu'il s'agit d'être réceptif aux choses. Le destinataire du recueil est incité à se tracer sa propre ligne de conduite en restant perméable aux diverses nourritures que le monde lui offre. Comme l'écrit Gide dans sa préface de 1927, le livre veut être non pas "une glorification du désir et des instincts", mais une "apologie du dénuement", c'est à dire une éthique selon laquelle l'individu n'obéit qu'à ce qu'il juge essentiel pour lui-même.




LES CAVES DU VATICAN

écrit en 1838 par André Gide et publié en 1914


PROLOGUE :

Gide ne voulait pas être considéré comme un romancier.

Il qualifie cette œuvre de "sotie", c'est-à-dire de satire, de divertissement et ses autres livres seront des "traités" ou des "récits",

L'auteur tira lui-même de ce roman une pièce de théâtre fort curieuse qui fut jouée pour la première fois en 1951 .


RÉSUMÉ DE L'ŒUVRE :


Le comte Juste-Agénor de Baraglioul, au seuil de sa mort, charge son fils Julius d'enquêter sur un certain Lafcadio, jeune Roumain de 19 ans. Celui-ci apprend de la bouche du comte qu'il est son fils et hérite d'une partie de sa fortune.


Pendant ce temps, Protos et sa bande de brigands font courir le bruit que le pape est retenu prisonnier dans les caves du château Saint-Ange et qu'un sosie le remplace. Amédée Fleurissoire, beau-frère de Julius, peut délivrer le pape, mais Lafcadio le tue en le précipitant du train qui relie Rome à Naples. Protos, qui a tout vu, tente en vain de l'enrôler dans sa bande. La mort d'Amédée ramène Julius à une foi plus rigoureuse, et Anthime, un autre beau-frère de Julius, renie au contraire sa récente conversion. Protos, livré à la police par son amie Carola, qui le croit coupable du meurtre, finit en prison. Pour Lafcadio commence une période de doutes : doit-il se dénoncer et innocenter Protos ? Doit-il, comme le lui suggère Julius se réfugier dans la foi ?



COMMENTAIRE DE L'ŒUVRE :


Cet ouvrage, curieux de prime abord, entremêle les genres : satire, conte philosophique, intrigue policière digne d'Arsène Lupin, roman... L'ensemble est empreint d'ironie, de cocasserie, voire d'invraisemblances, mais développe un des thèmes majeurs de l'œuvre de Gide : l'acte gratuit, proche d'un certain nihilisme. Cette attirance pour le crime est analysée par l'auteur en des termes qui rappellent les études psychiatriques modernes. A chacun des cinq personnages principaux est consacrée une partie du livre : l'unité de l'ensemble nous est révélée, lors de la mort de Fleurissoire, par Lafcadio qui s'écrie : "Ce vieillard est un carrefour." Il est en effet le point central où se croisent tous les destins : parmi ceux-ci, Gide oppose les âmes faibles, soumises aux traditions et aux dogmes religieux, à Lafcadio, être pur et libre, qui n'est pas "embaraglioulé". L'auteur attaque ainsi de nombreuses idées sommaires et les préjugés caractéristiques de la "fin de siècle".



LA PORTE ETROITE

écrit par André Gide et publié en 1909



PROLOGUE :


Lorsque Gide publie cet ouvrage, il traverse une période de découragement et s'interroge sur l'opportunité de ses écrits et l'authenticité de sa pensée. Il a d'ailleurs mis quatre ans à réaliser ce livre, auquel il pensait depuis 1891.


Cet ouvrage a pu être présenté comme le pendant négatif de L'Immoraliste . Le mysticisme forcené d' Alissa s'oppose en effet à l'éthique, non moins dévastatrice, de Michel dans L'Immoraliste. Ces deux sujets, développés parallèlement, se complètent pour révéler la diversité du caractère de Gide.


RESUME DE L'ŒUVRE


Jérôme, orphelin de père et fils unique, grandit sous la tendre tutelle de sa mère et d'une vieille amie de famille, Miss Ashburton. L'intimité qui le lie à ses deux cousines, filles de l'oncle Bucolin, se transforme bientôt en un amour partagé pour l'aînée, Alissa. Mais la vie de cette famille bourgeoise protestante, austère et puritaine, est bouleversée par Madame Bucolin, qui abandonne son mari pour un autre homme. Ce départ affecte particulièrement Alissa, qui reporte sa profonde tristesse dans une quête religieuse de plus en plus intense. Jérôme, qui s'efforce, comme le recommande le pasteur Vautier "d'entrer par la porte étroite", la suit dans cette spiritualité exaltée. Bien qu'amoureuse, Alissa refuse à Jérôme, et rien ne la détourne de cette voie. Quant à Abel leur ami, il se croit aimé de Juliette, guérie se marie avec un autre, elle continue à résister à sa passion, ne prétendant retrouver Jérôme qu'en Dieu loin de la chair et de la terre. Cette ascèse douloureuse la conduit à un sentiment d'effrayante solitude et à la mort. Jérôme, qui a compris sa tragédie intérieure, touche au désespoir, mais n'a pas pourtant la force de l'arracher à cette voie, comme il n'a pas eu celle de l'attirer à lui.



COMMENTAIRE DE L'ŒUVRE :


Publié en 1909, le récit de la Porte Etroite revêt un caractère exceptionnel, tant par son sujet que par les balancements de Gide qui, d'année en année, en diffère l'écriture : "je viendrai à mourir aujourd'hui, toute mon œuvre disparaîtrait derrière cette Porte étroite ; on ne tiendrait plus compte que de celle-ci" (Journal, 23 Mai 1910). Ce roman est en effet des plus significatifs dans l'œuvre de Gide, du fait des résonnances qu'il trouve dans sa vie et notamment dans l'austérité de son adolescence. L'auteur critique ici les excès inhumains de la morale puritaine dans un style pur et résolument classique.





LA SYMPHONIE PASTORALE

écrit par André Gide et publié en 1919




PROLOGUE :


Paru après "Les Caves du Vatican", le livre a de quoi étonner. Mais Gide nous dit lui-même qu'il a dû "terriblement se contrefaire" pour "retrouver des plis effacés", ce qui témoigne à la fois de son évolution spirituelle et de ses qualités d'écrivain.


En 1946, Jean Delannoy a tiré une belle adaptation cinématographique de "La Symphonie pastorale", avec Michèle Morgan et Pierre Blanchar dans les rôles principaux.



RESUME DE L'ŒUVRE :


Un pasteur recueille une jeune orpheline, Gertrude, aveugle et inculte. Malgré les réticences de sa famille, il se consacre à son éducation, qui progresse rapidement. La jeune fille, dont l'acuité d'esprit pallie la cécité, découvre en écoutant la Symphonie pastorale l'harmonie du monde, de ses colorations et l'amour de Dieu. Jacques, fils du pasteur, s'éprend de Gertruide et l'annonce à son père. Celui-ci l'éloigne immédiatement. Gertrude déclare au pasteur son amour et celui-ci, se rassurant, reconnaît là un amour spirituel. Jacques, de son côté, renonce à changer le pasteur et se trouve en opposition profonde avec lui. Or, Gertrude va pouvoir retrouver la vue par une opération qui réussit: Mais avant de retourner chez le pasteur, elle tente de se noyer : le monde lui apparaît très beau mais aussi le front des hommes très soucieux. Son cœur voit alors que c'est réellement Jacques qu'elle aime, mais lui, ayant renoncer a l'épouser, entre dans les ordres. Le pasteur désespéré, apprend, juste avant qu'elle ne meure de pneumonie, sa conversion, ainsi que celle de Jacques au catholicisme, le désavouant, lui, tout à fait.





COMMENTAIRE DE L'ŒUVRE :


"La Symphonie pastorale", c'est l'histoire d'une tentation ourdie par le diable contre un homme pieux mais que rien n'a préparé à une lutte aussi inégale. La jeune fille, aveugle, est l'innocence même : "Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point de péchés" -(Nouveau Testament ). Mais dès que le pasteur l'instruit de l'amour divin et de l'harmonie terrestre, l'amour humain naît tout naturellement chez ta jeune fille. Devant l'ivresse sensuelle qui participe à son exaltation religieuse, le pasteur ne peut qu'opposer une discipline puritaine, alors que lui-même ignore ou feint d'ignorer cet amour. A sa rigidité, étayée par l'aveuglement sur son propre compte, Jacques répond en acte par l'adoption du dogmatisme catholique. La grande faute du pasteur consiste, non à aimer à son tour la jeune fille, mais à trouver une légitimation à cette passion dans une interprétation inconsciente et personnelle de la Bible, puis à se prévaloir de cette interprétation pour répandre le malheur autour de lui.



Publié dans litterature.rebelle

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